Dernière(s) lettre(s)

BARBRY Roger

Barbry Roger Desire

« Mon cher bon papa et ma chère bonne maman et mes bons frères et soeurs,
Je vous écris aujourd’hui pour la dernière fois en de biens tristes circonstances. J’ai un prêtre avec moi et je vais, dans pas longtemps comparaître devant Dieu. Je viens de communier et j’ai bon courage. J’ai été condamné le 1er avril, avec mon camarade Ernest; nous avons demandé le recours en grâce qui n’a pas été accepté. Maintenant je vais mourir à cinq heures cet après-midi.
Je suis très courageux et mon camarade Ernest aussi.
Maintenant je dis au revoir à mon très bon papa, qui a été toujours très bon pour moi, et je remercie Dieu de l’avoir eu ; au revoir ma bonne maman, toi aussi tu as toujours été très bonne et j’espère que tu auras comme moi, papa aussi. On se reverra un jour au ciel avec Dieu ; ayez du courage. Je dis au revoir à ma bonne soeur Renée, à mon frère André, ma soeur Jacqueline, mon frère Pierre, ma soeur Marie-Rose, Thérèse, Christiane, ma filleule Geneviève, mon frère Jean et ma bonne petite soeur Yvette qui gardera sa poupée en souvenir de moi; au revoir mon beau-frère Gustave, ses enfants, Monique, Paulette et Yvonne; au revoir à grand-père, mon parrain, ma marraine, à tous mes oncles et tantes, mes cousins et cousines, enfin à toute la famille. Je souhaite à vous tous une bonne vie heureuse; ayez du courage et à bientôt.
J’ai laissé mon pardessus pour André; il n’y aura qu’à le retourner, il sera neuf; vous allez recevoir toutes mes affaires.
Je vous demande pardon de toutes les fautes que j’ai pu commettre dans ma vie.
Au revoir mes bons frères et soeurs, surtout protégez bien papa et maman car vous savez, ce sont de bons parents, les meilleurs du monde; je souhaite à vous tous une vie heureuse et prospère.
Je vous aime tous bien fort. Je remercie Dieu d’avoir eu de si bons parents et prierai beaucoup pour vous; surtout mes frères et soeurs, faites attention à papa et maman.
Je termine cette lettre qui est pour moi un calvaire.
Vous direz au revoir à mes amis, sans oublier M. l’abbé Dumez, qui dira une messe pour nous.
Maintenant je vais aller voir ta mère, papa, ta soeur, mon oncle Auguste, mon cousin Désiré, mon copain Henri et Germain, enfin tout le monde.
Voilà, c’est tout. Au revoir très bon papa, bon courage. Au revoir très bonne maman, ne maigris plus surtout, bon courage, on se reverra un jour.
Au revoir Renée; je te souhaite une vie heureuse, avec ta famille et ton bon petit mari Gustave, au revoir Jacqueline, au revoir André; on s’aime bien, va; bonne chance pour ton métier; au revoir Pierre, tu pourras avoir mes bottines de football; au revoir Marie-Rose, Thérèse, Christiane, ma filleule Geneviève; je ne peux pas te faire de cadeau, mais ça ne fait rien; au revoir Jean; ne désobéis pas trop à maman, elle est trop bonne; au revoir ma petite Yvette, fais bien ta prière et conserve bien ta poupée.
Enfin au revoir tout le monde. Je vous aime et vous ai tout le temps aimés. A bientôt bon papa, bonne maman, courage.
Votre fils et frère Roger
P.S. Surtout bon papa et bonne maman, ayez du courage. Dieu est là, il vous protégera, j’en suis sûr.
Merci pour tout ce que vous avez fait pour moi, merci beaucoup, je vous aime. Ayez du courage. Attention maman.
Mes frères et soeurs, faites bien attention à papa et maman, parce que vous avez de bons parents, vous pouvez remercier Dieu.
Au revoir, bon courage, je vous aime tous.
Lettre extraite du site de l’association Amicale des Anciens des Services Spéciaux de la Défense Nationale.