Dernière(s) lettre(s)
Fort du Hâ février 1944
Chère mère,
Je meurs en soldat, pense que j’aurais pu mourir à la guerre si j’avais été mobilisé. Je meurs pour la France nanti de tous les sacrements et l’aumônier qui m’accompagne, m’affirme que j’irai au ciel.
Tu sais que j’ai la foi et si je quitte cette misérable vie, je gagne la vie éternelle.
Je veux que cette dure épreuve renforce ta confiance en Dieu au lieu de te l’enlever.
L’abbé Mabille, qui assiste mes derniers moments, ira te voir selon mon désir pour que tu te mettes en règle avec le bon Dieu.
Ne cherche pas à me venger, de qui que ce soit, car Notre-Seigneur a dit, pas de pardon pour qui ne pardonnera pas. En mourant, je pardonne à tous ceux qui sont cause de ma mort.
Pense aussi que je vais rejoindre ton frère, ton père, et que je prierai pour toi des cieux.
Je te demande pardon de la peine que je te fais et fais dire des messes souvent à mon intention.
Quand tu mourras, fais-toi enterrer avec moi.
Je ne te dis pas adieu, mais au revoir dans le ciel.
Ton fils qui t’embrasse,
Pierre
Il a mieux valu éviter une dernière entrevue, trop pénible.
Ma dernière pensée aura été pour toi
Document retrouvé dans des archives familiales et remis à l’Association par M. Richard Martinez
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