Dernière(s) lettre(s)

DESREUMAUX Paul

Desreumaux Paul Albert EmileErnest

Bordeaux, le 18 avril 1942
Bien chers Parents,
J’ai une grande peine à vous annoncer, mais ne vous en faites surtout pas car c’est pour notre patrie « La France ».
Quand vous recevrez cette lettre j’aurai cessé d’exister. Je suis fusillé aujourd’hui, mais j’ai toujours espoir en Là-Haut.
Je vous demanderai de dire des prières pour moi et de faire dire des messes pour moi. Je suis aidé par Monsieur l’abbé Mabille, qui est l’aumônier de la prison.
C’est peut-être malheureux de mourir à vingt ans, mais je mourrai sans crainte, en bon Français que je suis et en bon chrétien, et Là-Haut je prierai pour vous.
Je viens de me confesser et de communier ce matin et avec beaucoup de courage ; j’en aurai jusqu’au bout. Enfin c’est le destin et l’on ne peut rien y changer.
Toutes mes affaires vont vous être retournées, gardez les précieusement et pieusement en souvenir de moi. Pensez souvent à moi, priez pour moi.
J’aurais bien voulu vous voir avant, mais malheureusement cela m’est impossible. J’ai eu espoir jusqu’au bout, mais je n’ai même pas pu voir mon grand camarade Ernest Lombart.
Adieu à tous les amis et à toute la famille. Pensez à moi très souvent et priez pour moi.
Quand la guerre sera finie, vous aurez une très grande pension pour moi qui servira à élever mon petit frère.
Adieu chers parents, je vous reverrai Là-Haut plus tard, où nous nous rencontrerons plus tard.
Je vous demanderai de toujours considérer ma fiancée comme votre fille, car elle m’aimait beaucoup et vous aimait beaucoup sans vous connaître. Écrivez souvent à ma fiancée, d’ailleurs je vais l’avertir et lui demander qu’elle vous écrive aussi. Laissez-lui quelques-unes de mes affaires en souvenir, car je l’ai beaucoup aimée.
N’ayez pas de peine pour moi. Vous aurez l’honneur d’avoir un fils qui est mort en défendant sa patrie, en faisant le sacrifice de sa vie pour elle.
Adieu, chers Parents, adieu, Guette ! Je penserai à vous et à elle jusqu’au bout. Adieu, Gilette ! adieu, Muguette ! adieu, cher petit Claude! adieu, les amis et amies !
Votre fils qui, jusqu’au bout, pensera à vous et mourra en bon Français et en bon chrétien et qui priera pour vous.
Votre fils : Paul Desreumaux.
Copie de la transcription figurant sur le site de l’AASSDN